Toutes les religions du livre se présentent plus ou moins clairement comme des systèmes ou des voies de salut.
Cependant nous avons besoin de donner un contenu à ce mot vague et imprécis qui a beaucoup évolué dans le temps.
C’est ainsi que nous nous posons quelques questions sur cette notion :
- Qu’est-ce que le Salut ?
- Est-ce que tout le monde peut être sauvé ou au contraire point de salut en dehors des religions ?
- De quoi sommes-nous sauvés ? (culpabilité, mort, l’absurde et la quête de sens, la détresse ….)
- Par qui sommes-nous sauvés ?
Cette notion est-elle une réalité pour toutes les religions ?
Autres thèmes connexes : la miséricorde, le pardon, le pêché originel
Catholicisme ( FRL)
SOS : Save Our Soul. Dans l’inconscient les corps ont besoin d’être sauvés, mais pas que…
Dans le Nouveau Testament, la foi est importante. Dieu est intervenu dans notre histoire, malgré le refus des hommes. Dieu n’a jamais abandonné l’homme à son sort malgré quelques épisodes dramatiques comme le déluge dans l’Ancien Testament. Le salut est la restauration de la relation devenue difficile, avec l’envoi de Jésus dont le nom signifie « Dieu sauve ». Jean le Baptiste reconnu comme le dernier prophète, annonce le salut des hommes avec la venue de Jésus, envoyé par son Père. Le Christ accompagne ses propos de gestes en montrant sa solidarité avec les plus pauvres, malades, désespérés, endeuillés… Il met la foi en avant : « ta foi t’a sauvé » qui signifie que non seulement le corps est guéri mais la guérison spirituelle est en marche, voie d’accès vers la vie éternelle. Le Christ donne sa vie pour ce message d’amour qui restaure la relation de Dieu avec son peuple.
Le « Royaume de Dieu » ne sera parfait que dans les temps lointains sans vraiment savoir ce que sera ce royaume. Tout homme faisant la démarche pour accéder à ce Royaume y sera accepté quel que soit le temps de sa pratique. C’est ce que signifie la parabole de l’ouvrier de la dernière heure (Mt 20) ainsi que l’acceptation du bon larron lorsque le Christ est sur la croix. Inlassablement le Christ veut le bonheur de tous les hommes même ceux qui arrivent les derniers. La construction du « Royaume de Dieu » commence ici-bas en luttant contre l’injustice, combattant l’oppression (Mt 25).
Question : nous contentons-nous du minimum ou avons-nous une position plus active ?
Le salut ne peut qu’être une œuvre collective.
L’Islam (Mamadou)
Evolution du concept de salut que ce soit chez les chrétiens ou chez les musulmans avec ces deux notions de : Salut exclusif/salut inclusif (universel)
Pour les chrétiens « point de salut hors de l’Eglise ». Mais une évolution marquante avec Vatican II vers un salut universel.
Pour l’Islam certaines sourates sont quasiment belliqueuses envers les non musulmans. Les sourates écrites à La Mecque sont souvent exclusives, celles écrites à Médine sont plutôt inclusives car elles fondent dans la durée les rapports avec les autres religions du livre. Cette évolution apparait assez nettement dans certains courants et écoles de pensée.
C’est le cas de l’école Ibn Hanbal 780-850 à Bagdad dont la doctrine est assez semblable à celle développée par le concile de Vatican II qui tend vers le salut universel :
« Ceux qui n’ont pas reçu du prophète le message clair de la part de dieu, avec miracles à l’appui, ne seront pas responsables de leur incroyance au jour du jugement dernier »
Cette doctrine rajoute :
« La souffrance éternelle n’est pas la destinée finale des pêcheurs et des négateurs de Dieu, même pour ceux qui l’ont fait en connaissance de cause. Le châtiment promis à ces mêmes négateurs ne serait qu’une purgation, une étape nécessaire pour retrouver leur prime nature de créature croyante »
Cette école soutient qu’il viendra un temps où l’enfer sera vide parce que « la miséricorde de Dieu est plus grande que sa colère ».
Islam et pêché originel :
Dans l’islam chaque personne est responsable de ses actes et il va de soi qu’aucun être ne peut être tenu responsable des pêchés commis par Adam et Eve :
« Nulle âme ne portera le fardeau d’une autre en plus du sien » Sourate 35 verset 18
Pour l’Islam, le salut est à atteindre parce que l’humanité est imparfaite et qu’elle a besoin du pardon de Dieu.
Le judaïsme (Daniel)
Il est difficile de parler de salut dans le judaïsme, celui qui ferait accéderà la vie éternelle. Les textes ont évolué dans le temps. Le salut personnel apparaît dans les derniers prophètes et dans le Talmud. La résurrection des morts apparaît très tardivement dans le judaïsme.
La notion d’alliance est plus claire. Le monde ne peut évoluer que dans l’accomplissement de l’alliance dont, selon la tradition, le peuple juif est porteur. C’est dans ce sens qu’on a parlé de peuple « élu ». L’accomplissement de l’alliance est la condition pour la venue du monde futur. L’alliance ne sera réalisée que quand il n’y aura plus du tout de méchants. Chaque homme, chaque juif a pour devoir d’accomplir l’alliance par l’accomplissement des commandements pour que le monde se transforme (Dt 30). Le salut sera pour le monde entier et non pas uniquement pour le peuple d’Israël (Michée 4).
Dieu laisse la place à l’homme pour qu’il poursuive sa création (Gn 2). L’homme est responsable de l’accomplissement.
Le bouddhisme (Nicolas)
« Cycle sans commencement des naissances et des morts » s’appuie implicitement sur le concept de transmigration, selon lequel les êtres vivants passent par un cycle incessant et douloureux de naissances et de morts, se poursuivant depuis un passé infiniment lointain jusque vers l’avenir sans limite. Ce cycle de souffrances incessant nait des désirs terrestres, un cycle négatif de désirs terrestres, de karma et de souffrance indissociable de la transmigration. Cela représente aussi une succession d’illusions et de souffrances. Comment se libérer de ce cycle douloureux, des chaines de l’illusions et de souffrances ?
Deux façons de concevoir la libération de ce cycle. L’une en éliminant les désirs terrestres qui conduisent à la transmigration dans le domaine du karma. L’autre le Mahayana (Grand véhicule) considère que l’essence de la vie qui transmigre est impermanent. Vie et mort sont conçues comme un cycle d’émergence et de retour à la vie fondamental de l’univers incluant tout.
Cette dernière perspective peut facilement se comprendre si l’on utilise l’images des vagues sur l’océan. La naissance est comparable à une vague apparaissant à la surface, la vie de l’univers, tandis que la mort est la retombée de la vague. Obtenir une telle compréhension de l’essence de notre propre vie qui reproduit le cycle naissance et mort, c’est parvenir à « l’illumination suprême, l’éveil le plus élevé du bouddha.
Le bouddhisme révèle, la vie individuelle même d’une personne, l’existence de la « loi » ou pouvoir intérieur illimité, capable de résoudre toutes les souffrances au niveau le plus essentiel et d’établir un bonheur indestructible.
Interventions :
On est sauvé de quoi et qui est sauvé ? Le péché originel ?
Dieu donne la Loi mais l’homme est désobéissant, comment être pardonné. C’est par la vie que le sang fait expiation (Lv 11), c’est le sens des sacrifices faits au Temple de Jérusalem. Le « sacrifice » d’Isaac par Abraham préfigure la mort du Christ quand Abraham répond à Isaac que Dieu pourvoira au don de l’agneau à sacrifier. L’homme ne sera sauvé qu’en regardant Jésus sur la croix, en s’élevant (Jn 3). La foi est capitale.
Dans l’islam, la notion de salut a questionné. Le message coranique donne une vision de l’homme sur terre, le salut étant une connaissance du Créateur, cheminement intérieur pour se dégager de tous ses défauts intérieurs, orgueil, égoïsme. L’homme a une origine et une destination, il devra rendre compte de ses actions sur la terre. La tradition musulmane rappelle le pourquoi de ce monde, réponses rationnelles et métaphysiques. Discours du passé, du présent, de l’avenir. Le Coran parle de la Bonne Nouvelle car l’homme n’est pas livré à lui-même.
« Je suis un pécheur, le matin en me levant et le soir en me couchant » dit l’un d’entre nous. « J’essaie de faire le moins de péchés possibles ». Répondre favorablement à Dieu est important. Tous les hommes aspirent au salut.
Le salut c’est le quotidien de tous les jours, il est personnel. Qu’est ce qui va sauver le monde qui est à feu et à sang actuellement. Il y a risque de perdre la foi. Dieu est-il présent dans le monde ? On n’a plus le temps de penser à tout cela. Malgré nos prières, nos réflexions communes, on est dans l’attente… Dieu a confié le monde à l’homme et qu’en fait l’homme ? Il est aux mains de quelques décideurs qui n’en font pas ce qu’on serait en droit d’attendre. Il y a urgence aujourd’hui pour l’homme de terrain avec tout ce qui se passe autour de nous.
Le salut ne passe pas uniquement par les œuvres, il passe aussi par le don de Dieu en le sollicitant sans arrêt. Prier pour que Dieu accorde la grâce. La grâce étant une force.
Les actes ont une grande valeur notamment pour l’écologie, l’entretien de la maison commune.
Dieu sauve à travers la mort, une fois sauvé, l’homme se transforme de façon individuelle.
Pas de notion de péché originel dans l’islam. Accepter le message, agir, grande spiritualité sont des « hauteurs ». Tous les hommes ne sont pas identiques.
Respect de l’alliance du judaïsme est respect d’un certain nombre de principes dont la justice. Nous sommes collectivement responsables mais chacun est unique dans cette responsabilité.
Jésus est venu sauver tous les hommes. Que veut donc dire « péché originel » puisque Dieu est venu apporter ce salut ? N’aurions-nous pas intérêt à relire nos textes pour les adapter à notre vie aujourd’hui ?
L’injustice n’est pas signe d’abandon de Dieu. L’homme n’est pas sauvé uniquement par ses prières, mais aussi par ses actes.
Les hommes sont co-auteurs de leur salut au QUOTIDIEN.
SAUVER et SE TRANSFORMER