MIARKA

MIARKA

« la seule preuve de l’infini c’est le désir que nous en avons » A. Jacob (père de Miarka)

Vous souvenez-vous de cette chanson du répertoire des Compagnons de la Chanson ? Cette princesse Miarka sacrifiée à la Volga par un guerrier cruel et qui ressurgit des flots sous l’aspect d’une colombe. Elle a vaincu l’adversité et l’ennemi.

Il se trouve qu’un de mes amis m’a fait cadeau d’un livre « Miarka » qui m’a bouleversé.

En ces temps difficiles où l’on est tenté par le découragement, par la crainte du virus et parfois même du vaccin… en ces temps où, l’Espérance, cette petite fille comme la nommait Péguy, avance vers nous en tenant la main de ses deux grandes sœurs, la Foi et la Charité, mais qui parfois nous semble difficile à accueillir en nos cœurs.

Et voici que la lecture des pages de « Miarka » a ravivé en moi cette vertu.

Miarka a tellement plus que moi de raisons de désespérer !

Si vous lisez ce témoignage ou simplement ces mots qui synthétisent ce que Miarka a vécu de 1940 à 1945, vous jugerez que ce que nous vivons et ce qu’elle a subi n’est pas comparable.

Miarka était le nom de résistance d’une jeune fille juive qui faisait ses études à Lyon alors que sa famille vivait à Nice. Elle entra en résistance alors qu’elle n’avait pas vingt ans. Déjà son statut de juive et celui de résistante la mettent en grand danger. Elle est arrêtée au cours d’une expédition périlleuse après avoir déjà mené beaucoup d’opérations de liaison entre réseaux. Torturée, elle ne parlera pas. Déportée dans des conditions de transport par train déjà terribles, elle arrive au camp de concentration de Ravensbrück où la vie ne pèse pas lourd.

Et là, fidèle à sa promesse d’éclaireuse, Miarka, par son attitude, par ses actions, essaie de soutenir l’espérance en la libération, en la vie chaque jour, chaque heure, chaque minute, de 3 h du matin jusqu’à la nuit. Elle travaille, mal nourrie, dans le froid, dans la crainte de l’inattendu. Et la nuit, le repos est difficile à trouver à cause de la promiscuité, des parasites, des dysenteries. « La mort est omniprésente écrit-elle » (p177). Elle côtoie Elise Rivet, supérieure de ND de la compassion et aussi Germaine Tillon.

Elle sera libérée en avril 1945. Ses parents et son frère ont été brulés, ses deux sœurs dont Simone Veil survivront à la Shoah.

Comment aurions-nous l’audace de nous plaindre, de refuser l’Espérance ? Non pas vivre ‘l’optimisme béat » comme disait Emmanuel Mounier, mais vivre « l’optimisme tragique » qui prend en compte la situation dans laquelle nous sommes plongés, sans quoi nous ne sommes pas crédibles.

Vous comprendrez que j’ai beaucoup remercié le fils de Miarka qui m’a permis de connaitre sa mère, cette femme d’exception.

Père Max Bobichon
Janvier 2021

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